Traversée de l’Olan
Cette course fut la première que j’ai réalisée en tant que « jeune guide diplômé ». Elle fut également très marquante pour Milène, qui passe ses vacances depuis toute petite dans le Valgaudemar et a d’ailleurs appelé son fils…Olan!
Quant à Julien, il aura « gardé la banane » tout le long de cette bambée made in Ecrins.
Le rendez-vous était donné à 9h à la Chapelle.
Le plan était simple mais ambitieux: samedi on monte au col Turbat (D+ 1600m, D-500m) puis on redescend dans le Valjouffrey passer la nuit à Fond Turbat.
Dimanche on gravit l’Olan (3564m), on redescend par le glacier de l’Olan, puis le vallon de combefroide sur la Chapelle (D+1500m, D-2500m).
J’allais découvrir cette superbe boucle en même temps que mes clients!
La montée au col Turbat est raide mais magnifique et nous sommes déjà seuls au monde, après avoir simplement croisé quelques randonneurs.
A l’aplomb du col Turbat, nous quittons le sentier et cheminons dans le pierrier parmi les débris des deux avions qui se sont crashés ici dans les années 80…Ambiance!
On atteint la brèche par une petite cheminée facile mais c’est la descente qui demandera toute notre vigilance: terrain à chamois par excellence où la chute est proscrite. Nous arrivons en milieu d’après-midi au refuge, juste à temps pour que je file reconnaître le départ du lendemain pendant que Julien et Milène s’installent.
En soirée, nous avons la bonne surprise d’avoir droit à une formation sur l’astronomie, un club ayant monté un télescope au refuge pour profiter des étoiles.
Après une nuit « typique refuge » (on ne dira pas qui a ronflé le plus, en tous cas ce n’était pas nous!) on se met en route peu avant 5h.
Afin d’économiser les batteries nous décidons d’utiliser deux frontales pour trois (version officielle) et c’est parti pour une longue et belle journée.
Le cheminement se devine assez bien, malgré un passage pénible au-dessus du névé des pissoux nous gagnons assez rapidement la brèche de l’Olan. C’est le moment de s’encorder, on démarre par des traversées assez délicates en direction de la brèche carrée. Ensuite, on a la fameuse diaclase si caractéristique en ligne de mire. A la sortie, le terrain se redresse, la grimpe se corse. Par des traversées avec vue sur la mythique face Nord, nous sortons enfin au soleil ou une pause s’impose.
L’arête finale, au soleil, est assez longue et c’est peu avant midi que nous rejoignons le sommet. La pause sera courte: il y a pas mal de vent et les nuages ne sont pas loin.
Reste l’autre gros morceau de la journée: 2500m de descente!
Au début, nous sommes sur une arête effilée qui laissera quelques souvenirs…ensuite un couloir assez exposé, puis une traversée, pour terminer par 3 rappels et prendre pied sur le glacier. Le cheminement n’est pas forcément évident pour trouver les rappels, dans un cirque où on a pas trop envie de traîner.
Le glacier de l’Olan, bien que situé plein Sud , reste un vrai glacier avec des crevasses et des parties assez raides. C’est le moment de sortir crampons et piolets qu’on aura pas transportés pour rien.
La suite de la descente est efficace, on pourrait presque prendre l’église de la Chapelle-en-Valgaudemar en ligne de mire et filer tout droit.
Nous ferons une petite pause-café au refuge pour laisser respirer un peu nos pieds, ensuite c’est encore 1300m de sentier qui nous attendent. Les difficultés techniques sont terminées, mais la journée fut longue et c’est finalement vers 19h30 que nous arrivons au parking, fatigués mais heureux de ce voyage en immersion totale dans les Ecrins. On aura été seuls toute la journée, l’unique cordée qui nous précédait ayant décidé d’écourter la descente…en sautant en base jump depuis le sommet!
Merci à Milène et Julien pour cette magnifique sortie!